Angers – Cathédrale

LES GRANDES ORGUES DE LA CATHÉDRALE D’ANGERS

Le plus ancien document relatif aux grandes orgues de la Cathédrale Saint-Maurice nous est donné par Thorode, secrétaire du chapitre, qui l’avait copié sur l’original aujourd’hui détruit. C’est un extrait du compte de la Fabrique pour l’année 1369. Nul ne sait si l’instrument dont il est question fut le premier qu’ait possédé la Cathédrale et, entre cette date et 1747, plusieurs instruments furent détruits par des incendies et à chaque fois relevés.

Les grandes orgues actuelles ont été construites, en 1747, par le facteur angevin Jean Dangeville dans une tribune et un buffet entièrement refaits par un menuisier nommé Hamon. Ce dernier ayant fait faillite, c’est un de ses confrères du nom de Pierre-Etienne Surrugue qui termina le travail et à qui on doit tous les ornements de l’orgue ainsi que les cariatides qui le soutiennent. La réception de l’instrument eut lieu le 10 mai 1748.

Cet orgue qui possédait 48 jeux répartis sur quatre claviers manuels et un pédalier, paya son tribut à la période révolutionnaire en servant les hymnes patriotiques du moment, sans pour autant qu’on se préoccupa de son entretien et sans que ses tuyaux fussent envoyés à la fonderie.

Déjà jugé désastreux en 1802, son état ne fit qu’empirer malgré les multiples interventions dont il fut l’objet. De plus, en 1831, la coupole située entre les deux flèches, frappée par la foudre, s’écrasa sur les voûtes et la poussière pénétra dans l’instrument. L’année suivante, le 1^er mars 1832, par suite de la rupture d’un câble, une grosse cloche que l’on montait écrasa le buffet et les claviers.

Même après une restauration en 1832, une solution définitive s’imposa dans la seconde moitié du XIX^ème siècle.

C’est au commencement de l’année 1869 que Mgr Angebault, alors évêque d’Angers, demanda au Ministère des Cultes de désigner un organier pour reconstruire les grandes orgues de la Cathédrale.

Ce fut le grand facteur français Aristide Cavaillé-Coll, connu dans le monde entier, qui fut choisi pour établir un devis soit pour une réparation, soit pour une totale reconstruction ; ce fut celle-ci qui fut acceptée le 27 juin 1870. Cavaillé-Coll dota l’instrument de ses magnifiques sonorités et y ajouta tous les perfectionnements de l’époque pour son fonctionnement. Son buffet monumental, avec ses 74 tuyaux de façade en étain, contenait 4.700 tuyaux soit 46 jeux, tous nouveaux, sur trois claviers manuels et un pédalier. L’esthétique sonore y gagna en richesse de timbres.

Après quelques améliorations au cours de deux restaurations, l’une au début du XX^ème siècle, par Louis Debierre, l’autre en 1936 par Georges Gloton, l’instrument sortit de la seconde guerre mondiale gravement endommagé. Au cours des bombardements de 1944, la grande verrière s’écrasa sur lui ; les cloisons furent défoncées et plus de 200 tuyaux endommagés.

Les services des Beaux-Arts confièrent la restauration complète de l’instrument à la Maison Beuchet-Debierre de Nantes, en lui demandant d’électrifier les transmissions et de compléter la palette sonore tout en conservant scrupuleusement les sonorités incomparables de Cavaillé-Coll. Les nouveaux jeux apportèrent à cet orgue une puissance jugée auparavant insuffisante pour les grandes cérémonies de la Cathédrale. Porté à 65 jeux, l’instrument fut inauguré par le Maître Marcel Dupré le 8 novembre 1959.

De 2006 à 2009, l’association pour la Connaissance, la Sauvegarde et la Promotion des Orgues du Maine-et-Loire (C.S.P.O.), avec le soutien de ses mécènes, l’aide déterminante, du Conseil Régional et le soutien de la Conservation Régionale des Monuments Historiques, réalisa la rénovation du clavier de positif, le dépoussiérage du buffet et la pose d’un combinateur informatique sur cet instrument très sollicité pour les manifestations qu’elle organise, depuis 1993, dans le cadre de son Festival Le Printemps des Orgues.

Bruno Maurel
Président de la C.S.P.O.

Grand Orgue Cavaillé-Coll / Beuchet-Debierre

Cathédrale d’Angers

1959 – 65 jeux